05 Juil Trois grandes problématiques de l’être humain

Trois grandes problématiques de l’être humain, ma vision de la psychopathologie en tant que sophrologue.

 

Au cours de notre existence, nous traversons tous différents stades de développement. Ces périodes correspondent à un développement de notre psychisme, mais aussi à une nouvelle manière de percevoir et de vivre notre corps. Nous gardons en nous une trace de ce vécu et nos différentes situations de vie peuvent nous faire replonger dans des comportements liés à ces stades de développement.

 

  1. L’incarnation. Le bébé, dans les premiers mois de sa vie, s’incarne peu à peu dans son corps. C’est une période d’éveil aux sensations corporelles, mais aussi de dépendance et d’insécurité. La mère joue un rôle important car c’est dans la relation, grâce à l’autre, que le bébé se sent exister. Il a besoin de s’attacher, de fusionner avec un autre sans qui rien ne se fera. C’est le « stade oral » en psychanalyse.
  2. La différenciation. C’est une période où l’enfant commence à percevoir qu’il est un être séparé, différent. La relation adhésive/fusionnelle avec la mère a été assez nourrissante et il peut maintenant explorer le monde. Il expérimente le jeu des relations, l’opposition et la manipulation. La mère ( ou autres « figure d’attachement » ) a toujours un rôle important car sa présence est sécurisante pour l’enfant. En comprenant que sa mère est un être séparé, il perçoit aussi qu’elle peut l’abandonner et cela peut créer de l’angoisse. C’est le « stade anal » en psychanalyse.
  3. L’individualité, prendre sa place. L’enfant trouve sa place dans le monde, en tant que fille/garçon, fils/fille de, sœur/frère de, etc… Cela lui permet de se développer encore et d’établir des relations plus matures et différenciées (relation d’alliance). Il se sent plus en sécurité corporellement et il parvient à donner du sens à son vécu. C’est le « stade génital » en psychanalyse.

Nous retraversons ce cycle lors du passage Enfance – Adolescence – Adulte, ainsi qu’à d’autres moments de notre existence. Chacun traverse ces périodes différemment en fonction de son histoire.

Voici les trois grands types de problématiques liées à ces stades de développement:

Problématique d’incarnation:

Quelqu’un qui semble absent, déconnecté de la réalité. Relation uniquement adhésive et fusionnelle. Se nourri de l’autre. Ces personnes ne sont pas dans leur corps et ressentent souvent un grand sentiment d’insécurité ou de vide. On retrouve toutes les pathologies du type « psychose » ( schizophrénie par exemple).

Problématique de différenciation:

Quelqu’un qui parle beaucoup des autres, de soi à travers les autres, qui compare. Relations duelles. Ces personnes sont la plupart du temps dans une forme de déni de la réalité. On peut observer certains comportements violents et destructeurs. Ils sont dans une ambivalence par rapport à l’autre car ils le rejettent  autant qu’ils en ont besoin. Leur sécurité intérieure est aussi ambivalente et ils souffrent d’angoisse d’abandon. On retrouve les pathologies du type « états-limites » « borderline » ainsi que beaucoup de comportements addictifs (toxicomanie, alcoolisme, jeu pathologique, …).

Problématique d’individualité:

Ce sont des personnes qui n’arrivent pas à prendre leur place dans le monde. Par exemple au sein d’une famille ou d’un travail. Ces personnes sont tout à fait adaptées à la réalité mais souffrent de ne pas arriver à être eux-mêmes, dans leur individualité. À un niveau plus corporel on pourrait dire que l’énergie en eux n’est pas assez éveillée, ou qu’elle circule mal. En psychopathologie cela correspond au champ des « névroses ». C’est aussi la confrontation de l’être avec les « données de l’existence »: l’aspect inéluctable de la mort, pour chacun de nous et ceux que nous aimons ; notre solitude fondamentale ; la nécessité d’être libre ; et enfin l’absence d’un sens évident de l’existence.

 

Attention ce n’est pas parce que vous êtes confronté à une problématique d’incarnation que vous êtes psychotiques. C’est simplement que la situation que vous vivez vous fait retomber dans un schéma de comportement lié à ce stade d’incarnation et à votre manière de l’avoir traversé.

Il est très intéressant de remarquer à quel point les relations amoureuses nous ramènent très vite dans cette traversée. Un début passionnel et fusionnel où on peut se perdre soi-même et se déconnecter de la réalité; puis une phase de conflits et d’opposition parfois violente et très ambivalente sentimentalement; pour enfin prendre sa place dans le couple et vivre une relation d’alliance respectueuse de chacun.

En sophrologie, c’est tout le rapport au corps, à la façon d’habiter ce corps (en fonction de ces trois problématiques) qui va nous intéresser et que l’on va travailler. Par exemple pour une problématique d’incarnation il peut être intéressant de travailler sur les points d’appui afin de permettre à la personne de se sécuriser et de reprendre peu à peu conscience de son corps (schéma corporel). Pour une problématique d’individuation on travaillera plutôt à éveiller l’énergie vitale afin de prendre confiance en soi et en son potentiel, ses ressources.

 

Comme tout système de pensée celui-ci est imparfait et ne met en lumière qu’une partie du fonctionnement de l’être humain. N’hésitez pas à donner votre avis et ne prenez que ce qui est bon pour vous !

 

David Rigou