24 Juil C’est quoi être en bonne santé mentale?

Qui ne s’est pas déjà questionné sur son état mental général ? « Est-ce que je vais bien? » – « Suis-je normal ? ».

 

L’essor de la psychologie et du développement personnel a eu comme effet de mettre le thème de la santé mentale au cœur des préoccupations de nombreuses personnes. La littérature et les articles de magasines abordant la santé, le bien-être et les moyens d’y parvenir continuent de remplir les librairies. Il y a du bon à cela, mais comme souvent ces thèmes y sont traités d’un point de vue trop individualiste à mon gout. L’expression même « développement personnel » témoigne de cet individualisme.

Je trouve également que beaucoup d’auteurs se concentrent trop sur les facettes positives de la vie. Notre société a tendance à refouler les côtés sombres de l’existence, il en résulte des croyances du type: « Si je suis triste c’est que quelque chose ne va pas chez moi »- « Être en bonne santé mentale c’est ne pas avoir d’émotions désagréables, c’est être normal ».

Ces croyances ont pour effet de nous focaliser sur la quête du bonheur personnel permanent. La sensation de bonheur et l’absence de troubles seraient les témoins ultimes de la bonne santé mentale. Quelques précisions sur la définition que j’ai de la santé mentale me semblent nécessaires, afin de mieux comprendre le sens de mon accompagnement thérapeutique.

« La santé mentale ne consiste pas seulement en une absence de troubles mentaux. Il s’agit d’un état de bien être dans lequel la personne peut se réaliser, surmonter les tensions normales de la vie, accomplir un travail productif et fructueux et contribuer à la vie de sa communauté  »  Organisation mondiale de la santé.

Cette définition de l’OMS est intéressante car elle comprend des valeurs importantes à mes yeux, celles de bien-être, de partage, de créativité et de réalisation. On comprend ici que l’absence de troubles ne suffit pas à définir la santé mentale. Je suis également convaincu que certaines personnes ayant des troubles mentaux incarnent bien plus ces valeurs que d’autres personnes dites « normales ».

 

La clé: ACCUEIL ET DISPONIBILITÉ.

Développer la disponibilité à notre existence, à nos états d’âme, aux autres. Apprendre à accueillir sans a priori ni jugements. C’est pour moi un témoin fort de bonne santé mentale.

 

J’aimerais conclure en vous partageant cet extrait d’interview de Francois Roustang. J’ai toujours trouvé cet homme très inspirant. Il nous a quitté le 23 novembre 2016.

 

Il faut vivre la vie comme si on était au cœur d’une partition, d’une chorégraphie ?

Fancois Roustang: Voilà, c’est ça ! C’est un théâtre, une symphonie, et chacun joue sa part.

 

Et quelle est votre part ?

Francois Roustang: Bientôt, la mort ! Ce sera un plaisir, une délivrance. En dehors de recevoir des patients, j’ai passé mon temps à écrire. Ça a été ça ma vie : l’écriture. Or, il me faut maintenant y renoncer. Je n’y arrive plus. J’ai fait mon temps, et voilà. Ce n’est pas dramatique quand je pense aux milliards et milliards d’humains qui m’ont précédé.

 

Si vous deviez résumer le plus essentiel de ce que vous avez appris ou compris au long de votre carrière, ce serait quoi ?

Francois Roustang: Qu’il n’y a rien d’essentiel.

 

 

 

David Rigou

 

Sources: interview Francois Roustang

Peinture: La danse de Matisse.